Face à l'hémorragie de ses abonnés, Canal+ cède au low-cost
Dès mercredi, il sera possible d'avoir accès à la chaîne cryptée pour 20 euros par mois.
Mais il faudra être dans les 50 000 premiers, et se passer des déclinaisons sport, cinéma et séries.
Le grand rafraîchissement marketing de Canal+ se poursuit. On a appris ce week-end que le groupe audiovisuel allait lancer, en partenariat avec Orange le 7 octobre, un «mini-bouquet Canalsat» à moins de 10 euros par mois. Avant cela, dès mercredi, il proposera une offre à 20 euros par mois permettant d’accéder à «la chaîne Canal+ et son replay […] sans engagement, exclusivement sur PC, tablettes et smartphones», annonce le directeur général, Maxime Saada, dans le Figaro de ce mardi. Il s’agit de «conquérir de nouveaux abonnés et toucher les moins de 35 ans». Car «jusqu’à présent nous ne nous adressons pas à tous les segments de la population», explique-t-il.
Coup de canif dans le modèle commercial historique de l’entreprise, qui a toujours vécu sur la vente d’une seule offre d’abonnement généraliste à prix élevé (40 euros par mois aujourd’hui), ce changement de cap reste toutefois très prudent. D’une part, le périmètre de cette proposition purement numérique à 20 euros se limite à la grande chaîne Canal+ et non à ses déclinaisons (Canal+ Sport, Canal+ Cinéma, Canal+ Séries, etc.). D’autre part, Maxime Saada précise qu’elle sera «limitée à 50 000 abonnés». Elle semble donc surtout avoir valeur de test grandeur nature pour le groupe, qui perd des abonnés en France : ils n’étaient plus que 5,5 millions au 30 juin, contre 6 millions un an auparavant.
Canal, «marque ombrelle»
Promise de longue date par le premier actionnaire, Vincent Bolloré, la refonte totale du portefeuille d’offres de Canal+ sera présentée le 14 octobre et disponible à la vente pour le grand public en novembre. A écouter Maxime Saada, il devrait être très segmenté, avec des tarifs et des regroupements de chaînes pour tous les goûts : «Nous allons dévoiler une nouvelle gamme d’offres sous la marque ombrelle Canal qui viendra se substituer à la marque Canalsat. Les chaînes Canal+ constitueront le socle de cette nouvelle offre qui sera modulaire et plus accessible qu’aujourd’hui. Nous proposerons des formules plus souples, sur les grandes thématiques (cinéma, sport, jeunesse) qui s’adapteront aux envies de chacun», avance-t-il.
L’inspirateur de cette stratégie est le groupe britannique Sky. «Le taux de pénétration des offres [de Canal+] n’atteint que 20 % de la population française, contre 44 % pour Sky en Grande-Bretagne», relève Maxime Saada. Le dirigeant explique par ailleurs vouloir «redéfinir la chronologie des médias», c’est-à-dire le calendrier de diffusion des films de cinéma à la télévision. Actuellement, ils peuvent être mis à l’antenne sur Canal+ dix mois après leur sortie en salles. L’entreprise, qui a empêché toute évolution sur le sujet par le passé, veut désormais avancer cette fenêtre à six mois. «Nous sommes convaincus que le cinéma constitue l’avantage compétitif durable de Canal+, mais il est indispensable de le revaloriser auprès de nos abonnés», justifie Maxime Saada. Là aussi, le virage est majeur.
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Source : Libération - 20 Septembre 2016 à 12:27